Lors de la troisième ronde, samedi soir, j’ai eu l’occasion de lire le texte de l’une des joueuses.
Ce texte parle de l’existence même du championnat féminin et de sa raison d’être. Il m’a donc semblé non seulement logique mais aussi important de diffuser l’idée qui – je remercie Marie – est simplement et justement exprimée dans les quelques lignes qui suivent :
C’est marrant parce que ce week-end, c’est le championnat de France féminin de go (souvent comparé aux échecs).
Texte écrit par Marie Couffignal, joueuse lors du championnat de France féminin open de jeu de go 2020.
Est ce que cet événement est sexiste ? Oui.
Est ce qu’il est nécessaire ? Oui.
On connaît la différence physique entre un homme et une femme, c’est un fait, et c’est pourquoi les sports physiques sont séparés entre hommes & femmes lors d’événements. Cependant, il ne me semble pas que le go et les échecs nécessitent une quelconque force physique.
Créer une séparation homme/femme pour un sport intellectuel, c’est dire qu’il y a une différence entre les capacités du cerveau des hommes, et du cerveau des femmes, et c’est sexiste. Exclure une catégorie d’humains d’un événement en raison de leur sexe, c’est sexiste.
De plus, les événements sportifs féminins sont beaucoup moins médiatisés, et c’est sexiste.
Pourtant, ce week-end, je joue le championnat de France féminin de Go. Pourquoi ?
Parce qu’aujourd’hui, les femmes sont très largement minoritaires dans ce milieu, et qu’elles ont besoin de visibilité.
Parce que certaines femmes se sentent mal à l’aise dans un milieu d’hommes (souvent en raison de leurs comportements) et ont besoin de repères féminins.
Parce que pour se faire entendre par des joueurs de go, quand on est une femme c’est difficile, surtout quand le niveau de ces dits joueurs est élevé.
Parce que les femmes avec un niveau modeste ne se sentent pas légitimes de prendre la parole et d’exister dans ce milieu.
Parce que le conditionnement des femmes les poussent à se sous estimer, et à ne pas oser, comme si ces jeux n’étaient pas pour elles.
Parce que pour faire entendre sa voix, il faut malheureusement faire taire la plus forte, à savoir celle des hommes, afin de rééquilibrer la balance.
Parce qu’aujourd’hui, quand une femme tombe face à un homme dans un tournoi, il peut arriver que l’homme lui dise que si elle met un décolleté elle a plus de chances de gagner la partie (truestory).
Parce que la phrase « t’es forte pour une fille » est encore prononcée.
Parce que le fait que les femmes soient minoritaires dans ce milieu, fait qu’elles sont sacralisées, convoitées, et donc objectifiées. Et j’en oublie.
C’est pourquoi, aujourd’hui, malgré le fait que le championnat de France féminin soit profondément sexiste, je le fais, dans un but militant, et dans le but qu’il soit un jour supprimé quand tous les « parce que » n’existeront plus.
Merci de m’avoir lu.